Pour un DSI, la transition vers Google Workspace n’est pas qu’un simple projet de migration. C’est un changement de paradigme dans la gestion de la sécurité et de la gouvernance des données. Le modèle de responsabilité partagée de Google est clair : Google sécurise le cloud ; vous sécurisez ce qui est dans le cloud.
Ce guide stratégique est votre feuille de route pour architecturer un tenant Google Workspace qui soit non seulement productif, mais aussi une véritable forteresse numérique.
1. Le Modèle de Responsabilité Partagée : Qui fait quoi ?
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Responsabilité de Google (Sécurité du Cloud) :
- Infrastructure physique : Sécurité des data centers.
- Réseau : Protection contre les attaques DDoS, chiffrement du trafic interne.
- Hyperviseur : Isolation des environnements clients.
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Votre Responsabilité (Sécurité DANS le Cloud) :
- Gestion des identités et des accès (IAM) : Qui a le droit de se connecter et depuis où ?
- Configuration de la sécurité des services : Règles de partage Drive, paramètres Gmail, etc.
- Protection des données : Classification, prévention des fuites de données (DLP).
- Sécurité des terminaux (Endpoints) : Ordinateurs, smartphones.
- Gouvernance et conformité : Rétention légale (Vault), conformité RGPD.
Le piège à éviter : Penser que l’abonnement à Google Workspace vous décharge de la configuration de la sécurité. Sans une politique de gouvernance active de votre part, votre tenant est une porte ouverte.
2. L’Approche Zero Trust : Le Nouveau Standard
L’ère du “château fort” (protéger le périmètre du bureau) est révolue. Avec le télétravail et les appareils mobiles, le nouveau périmètre, c’est l’identité.
L’approche Zero Trust part du principe qu’aucune connexion n’est fiable par défaut. Chaque accès doit être vérifié.
Comment l’appliquer dans Google Workspace ?
- Authentification Multi-Facteurs (MFA/2SV) : Rendez-la obligatoire pour tous. C’est la mesure la plus simple et la plus efficace pour bloquer 99.9% des attaques par vol de mot de passe.
- Accès contextuel (Context-Aware Access - Éditions Enterprise) : C’est le cœur du Zero Trust. Vous définissez des règles granulaires. Exemple : “Un utilisateur peut accéder à sa messagerie depuis n’importe où, mais ne peut accéder à un Drive partagé contenant des données R&D que s’il est connecté depuis un appareil géré par l’entreprise et situé en France.”
- Gestion des terminaux (MDM) : Enrôlez tous les appareils (pros et personnels - BYOD) pour pouvoir imposer un code de verrouillage et effacer les données de l’entreprise à distance en cas de vol.
3. La Prévention des Fuites de Données (DLP)
Le plus grand risque de fuite de données n’est pas le hacker externe, mais l’erreur humaine interne. Un employé envoie un fichier sensible au mauvais destinataire, et le mal est fait.
La fonctionnalité DLP (Data Loss Prevention - Éditions Enterprise) agit comme un garde-fou automatisé.
Cas d’usage concrets :
- Détection de données sensibles : Créez des règles pour détecter les numéros de carte de crédit, les numéros de sécurité sociale ou des mots-clés internes (“PROJET_CONFIDENTIEL”) dans les e-mails sortants ou les documents Drive partagés publiquement.
- Actions automatisées :
- Alerter : Prévenir l’utilisateur qu’il s’apprête à faire une erreur.
- Mettre en quarantaine : Bloquer l’envoi de l’e-mail pour qu’un administrateur le valide.
- Bloquer : Interdire purement et simplement le partage.
4. Google Vault : Votre Assurance Conformité
Google Vault est l’un des outils les plus sous-estimés de la suite Workspace (inclus dès Business Plus). Ce n’est pas une simple sauvegarde, c’est un outil d’archivage légal et d’eDiscovery.
- Rétention : Définissez des règles pour conserver toutes les données (même celles supprimées par les utilisateurs) pendant une durée légale (ex: 5 ans pour les e-mails à valeur probante).
- Recherche (eDiscovery) : En cas de litige, de contrôle fiscal ou de demande RH, vous pouvez rechercher et exporter l’ensemble des données d’un utilisateur ou sur un sujet précis.
Sans Vault, si un utilisateur supprime un e-mail et vide sa corbeille, la donnée est perdue à jamais. Avec Vault, vous êtes couvert.
Conclusion : La sécurité est un processus, pas un produit
Sécuriser Google Workspace n’est pas une action poncturelle. C’est un processus continu d’audit, de configuration et de surveillance. En tant que DSI, votre rôle est de traduire la politique de sécurité de l’entreprise en règles techniques dans la console d’administration.
En adoptant une approche Zero Trust et en utilisant les outils de gouvernance avancés comme le DLP et Vault, vous transformez votre tenant Google Workspace en un atout stratégique sécurisé, prêt pour les défis de demain.
Passez de la théorie à la pratique
Nos audits de sécurité identifient les failles de votre configuration actuelle et vous fournissent un plan d’action concret pour renforcer votre posture de sécurité.